@HDelfour6254 @AgaucheYT Rien n’est plus banal que de dénoncer la « colonialité (forcément) raciste et génocidaire du projet sioniste » — dans les médias, sur les campus, ou dans les organisations internationales. Schneidermann est à cet égard parfaitement commun et mainstream.

"Pour la première fois de ma vie, j'éprouve la honte d'être juif (...), celle d'être complice d'un carnage". Le discours pénitentiel de Jacob Rogozinski, c'est le sanglot de l'homme juif. Un philosophe juif (français, pas même israélien) se demande, angoissé, "qui nous pardonnera". Qui "nous" ? Le peuple juif, lequel se serait trahi lui-même en se livrant à un massacre innommable. Ce n'est pas le traditionnel "not in my name" (qui a, au moins, sa rationalité : celle de l'individu qui se dissocie de l'État qui prétend le représenter) ; c'est le retour de la culpabilité collective. C'est la jouissance un peu perverse du flagellant qui, endossant en apparence le stigmate collectif, espère secrètement s'en excepter. Tout est déplaisant dans ce texte célébré avec une quasi-unanimité par les abonnés du Monde : "Vous êtes un juste !", "vous m'avez arraché des larmes"... Tout, depuis l'exhibitionnisme moral (on ouvre grand son imperméable pour y montrer sa conscience en élection) jusqu'à la mauvaise foi (il ne voulait pas savoir que les Palestiniens existaient. Jusqu'en 2025, vraiment ?), en passant par la dépolitisation du conflit. La guerre de Gaza n'est plus une guerre (dont on peut évidemment critiquer la conduite, les moyens et le coût humain) entre Israël et le Hamas (à peine nommé), mais l'épisode paroxystique de la persécution d'un peuple martyr par un autre, "aveuglé, anesthésié, privé de tout sens éthique, de toute empathie". Appliquées à d'autres guerres, ces généralisations seraient dénoncées comme "essentialistes", sinon comme racistes. Énoncées par une âme juive repentante, elles passent pour paroles d'évangile. Le monde est redevenu simple. Le débat sur responsabilité politique d'un État en guerre s'efface devant le procès moral d'un peuple tout entier, redevenu ce qu'aux yeux de l'Occident il avait temporairement cessé d'être : le porteur d'une culpabilité inexpiable, d'un péché originel. Le génocide a remplacé le déicide et un intellectuel juif vient de prêter sa plume à Aymeric Caron.

How events will unfold remains to be seen. If reinforcements, ammunition, and everything needed for war—especially personnel to cover medical losses—arrive, then the enemy has no chance. 7/12