G. Flaubert
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Ah ! vous comprenez l’embêtement de l’existence, vous ! Vous pouvez vous vanter de cela, sans orgueil.
(À Charles Baudelaire)
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Il voyagea.
Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues.
Il revint.
(L’Éducation sentimentale)
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Un temps va venir où tout le monde forcément sera « homme d’affaires » (mais dans ce temps-là, dieu merci, je ne vivrai plus). Tant pis pour nos neveux ! Les générations futures seront d’une grossièreté ignoble.
(Novembre 1876)
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Je suis resté bien des jours, bien des ans, assis à ne penser à rien, ou à tout, abîmé dans l’infini que je voulais embrasser, et qui me dévorait.
(Mémoires d’un fou)
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Je suis brisé, et anéanti de tête et de corps comme après une grande orgie. Hier, j’ai passé cinq heures sur mon divan dans une espèce de torpeur imbécile, sans avoir le cœur de faire un geste, ni l’esprit d’avoir une pensée.
(Avril 1852)
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Lettre de Charles Baudelaire à Gustave Flaubert (25 août 1857).
« … je vous écris à la hâte un petit mot avant cinq heures, uniquement pour vous prouver mon repentir de n’avoir pas répondu à vos affectueux sentiments. »
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Elle confondait, dans son désir, les sensualités du luxe avec les joies du cœur, l’élégance des habitudes et les délicatesses du sentiment.
(Madame Bovary)
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D’où venait donc cette insuffisance de la vie, cette pourriture instantanée des choses où elle s’appuyait ?
(Madame Bovary)
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Elle souhaitait à la fois mourir et habiter Paris.
(Madame Bovary)
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Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon.
(Madame Bovary)
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D’un homme à un autre homme, d’une femme à une autre femme, d’un cœur à un autre cœur, quels abîmes ! La distance d’un continent à l’autre n’est rien à côté.
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C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar.
(Salammbô)
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Je ne désire qu’une chose, à savoir : crever.
(Janvier 1873)
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Les historiens, les philosophes, les savants, les commentateurs, les philologues, les vidangeurs, les ressemeleurs, les mathématiciens, les critiques, etc., de tout ça j’en fais un paquet et je les jette aux latrines.
(Mai 1839)
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Ce que je deviens ? Mais rien du tout ! je continue mon train-train.
(À Edma Roger des Genettes)
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On se réfugie dans le médiocre, par désespoir du beau qu’on a rêvé !
(L’Éducation sentimentale)
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Ah ! quelle nécropole que le cœur humain ! Pourquoi aller aux cimetières ? Ouvrons nos souvenirs, que de tombeaux !
(À Marie-Sophie Leroyer de Chantepie)
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Mes tendresses d’esprit sont pour les inactifs, pour les ascètes, pour les rêveurs.
(Décembre 1853)
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L’humanité a la rage de l’abaissement moral, et je lui en veux de ce que je fais partie d’elle.
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Avoir aimé, avoir rêvé le ciel, avoir vu tout ce que l’âme a de plus pur, de plus sublime, et s’enchaîner ensuite dans les lourdeurs de la chair, toute la langueur du corps ! Avoir rêvé le ciel et tomber dans la boue !
(Mémoires d’un fou)
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– Ce qu’il y a de plus lamentable, n’est-ce pas, c’est de traîner, comme moi, une existence inutile ? Si nos douleurs pouvaient servir à quelqu’un, on se consolerait dans la pensée du sacrifice !
(Madame Bovary)
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Chose étrange, à mesure qu’on s’élève dans l’échelle des êtres, la faculté nerveuse augmente, c’est-à-dire la faculté de souffrir. Souffrir et penser seraient-ils donc même chose ?
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Écrire, oh ! écrire, c’est s’emparer du monde, de ses préjugés, de ses vertus et le résumer dans un livre. C’est sentir sa pensée naître, grandir, vivre, se dresser debout sur son piédestal, et y rester toujours.
(Un parfum à sentir)
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Après l’ennui de cette déception, son cœur de nouveau resta vide, et alors la série des mêmes journées recommença. Elles allaient donc maintenant se suivre ainsi à la file toujours pareilles, innombrables, et n’apportant rien !
(Madame Bovary)
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Je suis arrivé à un moment décisif : il faut reculer ou avancer, tout est là pour moi. C’est une question de vie et de mort. Quand j’aurai pris mon parti, rien ne m’arrêtera, dussé-je être sifflé et conspué par tout le monde.
(Janvier 1842)
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Extrait d’une lettre à Guy de Maupassant (6 août 1878).
« Vous êtes né pour faire des vers. Faites-en ! tout le reste est vain, à commencer par vos plaisirs, et votre santé. Foutez-vous ça dans la boule. »
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Il avait entamé sa jeunesse par l’amour, et il l’avait close par le désespoir.
(L’Éducation sentimentale, version de 1845)
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Le génie n’est pas rare maintenant, mais ce que personne n’a plus et ce qu’il faut tâcher d’avoir, c’est la conscience.
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Tu m’as dit un mot qui me va au cœur : « Je ferai quelque chose de beau, dussé-je en crever. » Voilà un mot, au moins. – Reste toujours ainsi, & je t’aimerai de plus en plus, si c’est possible.
(À Louise Colet)
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Il se passe dans mon individu des choses anormales. Mon affaissement psychique doit tenir à quelque cause cachée ? Je me sens vieux, usé, écœuré de tout. – & les autres m’ennuient comme moi-même.
(Mars 1875)
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Lettre à George Sand (23 mars 1867).
« Ah ! enfin ! on va donc se voir ! »
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Rien de plus monotone que ma vie – elle s’écoule plus uniforme à l’œil que la rivière qui passe sous mes fenêtres.
(Janvier 1852)
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Tout était triste comme elle dans la nature, et il lui sembla que les vagues avaient des soupirs et que la mer pleurait.
(Passion et vertu)
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Il n’y a de bête, en fait d’art, que 1° le gouvernement, 2° les directeurs de théâtre, 3° les éditeurs, 4° les rédacteurs en chef des journaux & 5°, les critiques autorisés. – enfin tout ce qui détient le Pouvoir – parce que le Pouvoir est essentiellement stupide.
(Avril 1880)
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Prenez garde à la tristesse. C’est un vice. On prend plaisir à être chagrin et quand le chagrin est passé, comme on y a usé des forces précieuses, on en reste abruti. Alors on a des regrets, mais il n’est plus temps.
(À Guy de Maupassant)
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Je suis toujours tenté de m’écrier comme saint Polycarpe : « Ah ! mon Dieu ! mon Dieu ! dans quel siècle m’avez-vous fait naître ? » et de m’enfuir en me bouchant les oreilles, ainsi que faisait ce saint homme, lorsqu’on tenait, devant lui, quelque proposition malséante.
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Extrait d’une lettre à Ivan Tourgueniev (21 janvier 1880).
« Merci de m’avoir fait lire le roman de Tolstoï. C’est de premier ordre ! Quel peintre & quel psychologue ! Les deux premiers volumes sont sublimes. »
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Qui n’a senti de ces impuissances, où il semble que votre cervelle se dissout comme un paquet de linge pourri ?
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Eh bien, je soutiens que c’est un malheur immense, en cela qu’on le sent chaque jour, que d’être né dans la médiocrité, avec des instincts de richesse. On en souffre à toute minute, on en souffre pour soi, pour les autres, pour tout.
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Adieu, vieux bougre. Je t’embrasse. Tiens-toi en joie, si c’est possible.
(À Louis Bouilhet)
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Vivent les poètes, vivent ceux-là qui nous consolent dans les mauvais jours, qui nous caressent, qui nous embrasent. Il y a plus de vérité dans une scène de Shakespeare, dans une ode d’Horace ou d’Hugo, que dans tout Michelet, tout Montesquieu, tout Robertson.
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Plus sombre et plus abattu que le lendemain d’une orgie, les évènements passés lui faisaient l’effet d’un de ces rêves sans nom, où l’on a vu des beautés surhumaines et des splendeurs inouïes, et dont le souvenir vague est un supplice.
(L’Éducation sentimentale, version de 1845)
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Il faudrait vivre deux cents ans pour avoir une idée de n’importe quoi.
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Le génie, après tout, n’est peut-être qu’un raffinement de la douleur, c’est-à-dire une plus complète et intense pénétration de l’objectif à travers notre âme.
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Mes tendresses d’esprit sont pour les inactifs, pour les ascètes, pour les rêveurs.
(Décembre 1853)
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On n’est pas du tout libre d’écrire telle ou telle chose. On ne choisit pas son sujet. Voilà ce que le public et les critiques ne comprennent pas. Le secret des chefs-d’œuvre est là, dans la concordance du sujet et du tempérament de l’auteur.
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La torpeur moderne vient du respect illimité que l’homme a pour lui-même. Quand je dis respect, non, culte, fétichisme.
(Mars 1854)
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Mais pourquoi donc ces mondes ?… Pourquoi tout ? Pourquoi suis-je là ? Oh ! il y a deux infinis qui me perdent : l’un dans mon âme, il me ronge ; l’autre autour de moi, il va m’écraser.
(Smarh)
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Si vous m’aviez demandé ce qu’il me fallait, je n’aurais su que répondre, mes désirs n’avaient pas d’objet, ma tristesse n’avait pas de cause immédiate ; ou plutôt, il y avait tant de buts et tant de causes que je n’aurais su en dire aucun.
(Novembre)
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Adieu ! d’autres passions reviendront, je t’oublierai peut-être, mais tu resteras toujours au fond de mon cœur, car le cœur est une terre sur laquelle chaque passion bouleverse, remue et laboure sur les ruines des autres. Adieu !
(Mémoires d’un fou)
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Mon travail va bien lentement ; j’éprouve quelquefois des tortures véritables pour écrire la phrase la plus simple.
(Novembre 1852)
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La vie ne me semble tolérable que si on l’escamote. Ou bien, il faudrait se livrer à des plaisirs désordonnés… et encore !
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Il me semble quelquefois que j’ai duré pendant des siècles et que mon être renferme les débris de mille existences passées.
(Novembre)
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Lettre à Stéphane Mallarmé (19 juin 1876).
« Vous vous entendez aussi bien à publier des livres qu’à les écrire. J’ignorais absolument l’existence de Vathek et je l’ai dévoré avec délices. C’est exquis. Les lettres françaises doivent vous être reconnaissantes. »
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Dès que je ne tiens plus un livre ou que je ne rêve pas d’en écrire un, il me prend un ennui à crier.
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À chaque femme qui marchait devant lui, ou qui s’avançait à sa rencontre, il se disait : « La voilà ! » C’était, à chaque fois, une déception nouvelle.
(L’Éducation sentimentale)
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Il ne faut pas regarder le gouffre, car il y a au fond un charme inexprimable qui nous attire.
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Savez-vous combien j’ai avalé de volumes depuis le 20 septembre dernier ? 194 ! & dans tous, j’ai relevé des notes ; de plus, j’ai écrit une comédie & fait le plan d’une autre. Ce n’est pas l’année d’un paresseux.
(Août 1873)
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Le cœur humain ne s’élargit qu’avec un tranchant qui le déchire.
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Prends garde seulement à la rêverie : c’est un bien vilain monstre qui attire et qui m’a déjà mangé bien des choses. C’est la sirène des âmes ; elle chante, elle appelle ; on y va et l’on n’en revient plus.
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Ce ne sont pas les grands malheurs qui font le malheur, ni les grands bonheurs qui font le bonheur, mais c’est le tissu fin et imperceptible de mille circonstances banales, de mille détails ténus qui composent toute une vie de calme radieux ou d’agitation infernale.
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J’ai des idéaux contradictoires. De là embarras, arrêt, impuissance.
(Janvier 1869)
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Quand elle allait à confesse, elle inventait de petits péchés, afin de rester là plus longtemps, à genoux dans l’ombre, les mains jointes, le visage à la grille sous le chuchotement du prêtre.
(Madame Bovary)
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Il ne suffit pas d’avoir de l’esprit. Sans le caractère, les œuvres d’art, quoi qu’on fasse, seront toujours médiocres. – L’honnêteté est la première condition de l’esthétique.
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Je suis si harassé par la bêtise de la multitude que je trouve justes tous les coups qui tombent sur elle.
(À Louise Colet)
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« Le Paradis en ce monde se trouve sur le dos des chevaux, dans le fouillement des livres ou entre les deux seins d’une femme » (Poésie arabe contemporaine). N’est-ce pas que c’est très joli cela ?
(À Louise Colet)
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Comme nous nous attachons aux choses ! C’est surtout quand on voyage que l’on sent profondément la mélancolie de la nature, qui n’est que celle de notre âme projetée sur les objets. Il m’est arrivé d’avoir des larmes aux yeux en quittant tel paysage. Pourquoi ?
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Je ne sors pas, je ne vois personne, je brûle un bois considérable et je trouble les échos de ma solitude par mes gueulades frénétiques et continues.
(Janvier 1862)
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As-tu réfléchi combien nous sommes organisés pour le malheur ?
(À Maxime Du Camp)
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Lettre �� Juliette Adam (3 février 1879).
« Eussé-je les deux jambes amputées j’irais chez vous, quand même il faudrait me faire hisser par un palan jusqu’à la hauteur de votre étage. »
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J’ai besoin de me venger, de frapper, de tuer ! c’est comme si j’avais dans l’âme un troupeau de bêtes féroces. Je voudrais, à coups de hache, au milieu d’une foule… Ah ! un poignard !…
(La Tentation de saint Antoine)
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En fait de lectures, je viens d’avaler tout l’odieux Joseph de Maistre. Nous a-t-on assez scié le dos avec ce monsieur-là ? & les socialistes modernes qui l’ont exalté ! à commencer par les st simoniens pour finir par A. Comte.
(À George Sand)
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– Mais je la veux ! il me la faut ! j’en meurs ! À l’idée de l’étreindre dans mes bras, une fureur de joie m’emporte, et cependant je la hais, Spendius ! je voudrais la battre ! Que faire ? J’ai envie de me vendre pour devenir son esclave.
(Salammbô)
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Il me semble que Michel-Ange est quelque chose d’inouï, comme serait un Homère shakespearien, un mélange d’antique et de Moyen Âge, je ne sais quoi.
(À Louis Bouilhet)
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Je crois à la race plus qu’à l’éducation, on emporte, quoi qu’en ait dit Danton, la patrie à la semelle de ses talons et l’on porte au cœur, sans le savoir, la poussière de ses ancêtres morts.
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Quelle lenteur ! quelle lenteur ! N’importe, j’avance.
(Janvier 1854)
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Et il riait, après cela, d’un rire de damné, mais un rire long, homérique, inextinguible, un rire indestructible comme le temps, un rire cruel comme la mort, un rire large comme l’infini, long comme l’éternité, car c’était l’éternité elle-même.
(Smarh)
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Pourquoi perds-tu ton temps à relire Graziella quand on a tant de choses à relire ? Voilà une distraction sans excuse, par exemple ! Il n’y a rien à prendre à de pareilles œuvres. Il faut s’en tenir aux sources, or Lamartine est un robinet.
(À Louise Colet)
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J’ai eu, tout jeune, un pressentiment complet de la vie. C’était comme une odeur de cuisine nauséabonde qui s’échappe par un soupirail. On n’a pas besoin d’en avoir mangé pour savoir qu’elle est à faire vomir.
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Il tendait sa main aux cavaliers sur les routes, avec des génuflexions s’approchait des moissonneurs, ou restait immobile devant la barrière des cours ; et son visage était si triste que jamais on ne lui refusait l’aumône.
(La Légende de saint Julien l’Hospitalier)
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Une goutte errante, des douleurs qui se promènent partout, une invincible mélancolie, le sentiment de « l’inutilité universelle » et de grands doutes sur le livre que je fais, voilà ce que j’ai, chère et vaillant maître.
(À George Sand)
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Je crois que je pourrais faire de bonnes choses ; mais je me demande toujours à quoi bon ?
(Avril 1846)
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Je me suis suremmerdé ces trois jours-ci d’une façon truculente – il m’était impossible tout l’après-midi de secouer une torpeur de mastodonte qui m’accablait. J’avais 75 kilogr. de merde, au cœur.
(Juin 1853)
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J’ai fait un grand pas, et je sens en moi un allégement intérieur qui me rend tout gaillard, quoique ce soir j’aie littéralement sué de peine.
(Janvier 1854)
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Pourquoi donc tant de maux ? pourquoi la vie est-elle ainsi pleine de douleurs ?
(Smarh)
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Je n’ai gardé de notre dernière entrevue ni irritation ni colère. J’ai pu en être blessé, mais quant à t’en tenir rancune, jamais, jamais, non, jamais contre toi le moindre sentiment méchant, ce serait infâme, pauvre cœur.
(À Louise Colet)
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Les grandes douleurs morales, comme les fatigues du corps, vous laissent si écrasé de lassitude que l’esprit est incapable de former un désir et les membres de s’agiter pour une action.
(L’Éducation sentimentale, version de 1845)
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C’est une belle chose qu’un souvenir, c’est presque un désir qu’on regrette.
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L’artiste doit tout élever, il est comme une pompe, il a en lui un grand tuyau qui descend aux entrailles des choses, dans les couches profondes, il aspire et fait jaillir au soleil en gerbes géantes ce qui était plat sous terre et ce qu’on ne voyait pas.
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Ce qu’il y a de prodigieux dans Don Quichotte, c’est l’absence d’art et cette perpétuelle fusion de l’illusion et de la réalité qui en fait un livre si comique et si poétique. Quels nains que tous les autres à côté ! Comme on se sent petit, mon Dieu ! comme on se sent petit !
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Les chefs-d’œuvre sont bêtes, ils ont la mine tranquille comme les productions mêmes de la nature, comme les grands animaux et les montagnes.
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Faire sa fortune et vivre pour soi, c’est-à-dire rétrécir son cœur entre sa boutique et sa digestion.
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À mesure que j’épelle l’antiquité, une tristesse démesurée m’envahit en songeant à cet âge de beauté magnifique et charmante passé sans retour, à ce monde tout vibrant, tout rayonnant, si coloré et si pur, si simple, et si varié.
(Février 1847)
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