« Le silence est l’élément dans lequel se forment les grandes choses, pour qu’enfin elles puissent émerger, parfaites et majestueuses, à la lumière de la vie qu’elles vont dominer. »
« Il est fréquent d’aimer les abîmes, il est juste de s’y précipiter, mais il est étrange d’accepter d’y descendre lentement, pas à pas, et d’envelopper cette déchéance d’une douceur qui trompe tout le monde et soi-même. »
"(...) Je me lève à midi et me couche à trois heures du matin. Je n'entends pas un bruit, je ne vois pas un chat. Je mène une existence farouche et extravagante. Puisque la vie est intolérable, ne faut-il pas l'escamoter ?"
Flaubert, à Théophile Gautier
27 janvier 1859
« Ne croyez pas le monde politique beaucoup plus beau que ce monde littéraire : tout dans ces deux mondes est corruption, chaque homme y est corrupteur ou corrompu. »
Enfin terminé. Chef-d’œuvre. ❤️
"Il manque beaucoup de choses au monde contemporain. Mais, avant tout, l'intelligence — la vraie, pas celle des intellectuels, — et la charité, — la vraie, pas celle des gens qui font carrière dans l'altruisme."
« Le fait d’être habité par une nostalgie incompréhensible serait tout de même le signe qu’il y a un ailleurs. Cet ailleurs est, peut-être, si je puis dire, un « ici » que je ne retrouve pas. »
Ionesco, Notes et contre-notes
« Je crois que je mourrais d’amertume s’il s’avisait de me croire ambitieuse, alors que tout mon rêve aurait été de passer ma vie retirée dans le petit coin de la tendresse, perdue et oubliée au plus profond de ce jardin. » Montherlant, La Reine Morte
"La vie n'est pas une lutte contre le malheur, contre le drame, contre la souffrance, elle est une lutte contre l'absence. Et le bonheur que l'on recherche est justement la présence épaisse, individuelle, émouvante, de toute chose et de toute personne."
Paul Morand, Éloge du repos
« L'oisiveté exige tout autant de vertus que le travail : il y faut la culture de l'esprit, de l'âme et des yeux, le goût de la méditation et du rêve, la sérénité, toutes valeurs bien rares aujourd’hui. »
« Supportez d’être appelée une nerveuse. Vous appartenez à cette famille magnifique et lamentable qui est le sel de la terre. »
Proust, Le Côté de Guermantes
« La médiocrité, qui a son idéal dans l’infini de la petitesse, supporte tout et peut admettre n’importe quoi sans haine, sauf le sentiment - quel qu’il soit - de la grandeur. Là, elle a du génie. »
Guerne à Cioran, 28 mai 1969
« J’ai deux choses qui me sauvent toujours de tout : c’est l’amour de la solitude, et le plaisir d’écrire. Contre cela, rien ne prévaut, ni plaisirs ni chagrins. »
"Quand on écrit bien, on a contre soi deux ennemis : 1, le public, parce que le style le contraint à penser, l'oblige à un travail ; et 2, le gouvernement, parce qu'il sent en vous une force, et que le pouvoir n'aime pas un autre pouvoir."
Flaubert à Maupassant, février 1880
« Apaisés, un peu pâles, tout près de moi et pourtant lointains et déjà vagues, voici, comme à la lumière de la lune, tous mes bonheurs passés et tous mes chagrins guéris qui me regardent et qui se taisent. »
Proust, Les Plaisirs et les Jours, Rêveries couleur du temps
« J’ai une espèce d’obligation de rêver toujours, car n’étant et ne voulant être que le spectateur de moi-même, et rien d’autre, il me faut le meilleur spectacle possible. »
« Je n’aurai pas en vain traversé notre sphère ;
Et, si cet univers est un songe qui fuit,
J’ai cueilli l’astre dans le jardin de la nuit
Et saisi la Beauté sous son voile éphémère. »
Il regardait le feu dans la grande cheminée, comme pour y voir des choses mystérieuses, tout l’inconnu de l’existence qu’il aurait pu vivre s’il avait été plus hardi devant la souffrance. Il reprit d’une voix plus basse : « J’ai eu raison. Je n’étais point fait pour ce monde. »
« J’ai la poésie pour condition d’existence. (...) Tout ce qui tue trop cruellement le rêve du bon, du simple et du vrai, qui seul me soutient contre l’effroi du siècle, est une torture à laquelle je me dérobe autant qu’il est possible. »
"Le poète doit être celui qui rappelle aux hommes l'idée éternelle de la Beauté dissimulée sous les formes transitoires de la vie imparfaite. La Beauté est une condition de la vie parfaite, il y a longtemps que cette idée me hante. Je voudrais en faire la maxime de toute ma vie."
"Je dois tout à la poésie, puisqu'il n'y a pas d'autre mot pour exprimer l'ensemble de mes pensées ; je lui dois tout ce que j'ai encore de pur, d'élevé, de solide dans mon âme ; je lui dois tout ce que j'ai eu de consolations ; je lui devrai peut-être mon avenir."
«Je ne t’écris pas aujourd’hui,parce que toute distraction, même la plus charmante, m’est odieuse, et j’ai besoin de la plus silencieuse solitude de l’âme, et d’un oubli inconnu, pour entendre chanter en moi certaines notes mystérieuses.»
Mallarmé à Théodore Aubanel, 6 déc. 1865
Lettre de Cioran à son frère Aurel (1947) : « En dehors de la poésie, de la métaphysique et de la mystique, rien n’a de valeur. Toute participation aux agitations temporelles est du temps perdu et du gaspillage inutile. »
"La poésie suprême (...) n'a d'autre but que de tenir ouvertes "les grandes routes qui mènent de ce qu'on voit à ce qu'on ne voit pas.""
Maurice Maeterlinck, Le Trésor des humbles (1896)
« Très peu de gens sont sensibles au monde des valeurs. (...) Il paraît qu’autrefois pourtant il y avait le sens et le besoin de la beauté. »
Ionesco
Antidotes
« Tant de vivants, même proches, sont pour nous des morts, tant de morts sont présents, tant de choses sont vivantes ou ne sont rien, selon notre attention et notre cœur, que je n’ai jamais su très exactement où finissaient la vie et la terre. »
« Et puis, pourquoi exprimer ? Le peu de chose que l’on dit se trouverait bien mieux de n’avoir jamais été dit.
Si seulement je pouvais me persuader de la beauté du renoncement, comme je serais, à tout jamais, douloureusement heureux ! »
Très heureuse d’annoncer la publication prochaine de ma réédition du recueil Régner de Léon Deubel. Cet ouvrage fut publié à titre posthume par Louis Pergaud en 1913.
À paraître le 31/01 aux Éditions Complicités.
« J’ai besoin d’air pur, de solitude, de marches longues dans un pays pittoresque, et d’impressions calmes au milieu des champs!
Les palais de Paris m’intéressent médiocrement! Combien je leur préfère une cabane perdue dans les feuilles... »
Maurice Rollinat à sa mère
8 mai 1876
« On n’aime véritablement qu’en devenant meilleur ; et devenir meilleur c’est devenir plus sage. Il n’y a pas d’être au monde qui n’améliore quelque chose en son âme dès qu’il aime un autre être (...). »
"La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c’est de l’éviter. Et on l’évite en vivant dans l’art, dans la recherche incessante du Vrai rendu par le Beau."
Flaubert à Mademoiselle Leroyer de Chantepie
18 mai 1857
Un beau passage...
« [Le temps] cesse de fuir quand il devient sensible. L’homme qui cherche à détourner sa pensée d’une douleur la retrouve dans la hantise du temps. »
Aurélien, Aragon
« avez-vous élevé les yeux vers le ciel ? y avez-vous vu cette immensité de mondes qui, en diminuant notre importance, en écrasant nos vanités, amoindrit nos douleurs ? »
« Un journal n’est plus fait pour éclairer, mais pour flatter les opinions. Ainsi, tous les journaux seront, dans un temps donné, lâches, hypocrites, infâmes, menteurs, assassins ; ils tueront les idées, les systèmes, les hommes, et fleuriront pour cela même. »
« Tout parle au cœur. Il y a pour les gens aimants un plaisir infini à trouver dans les accidents d’un paysage, dans la transparence de l’air, dans les parfums de la terre, la poésie qu’ils ont dans l’âme. La nature parle pour eux. »
Illusions perdues
« Le Paradis gémit au fond de la conscience, tandis que la mémoire pleure. Et c’est ainsi qu’on songe au sens métaphysique des larmes et à la vie comme le déroulement d’un regret. »
"My biggest trouble is that people look at me and think that no serious trouble has ever troubled my little head. They seldom realize the chaos that seethes behind my exterior. As for the who Am I, what am I angle... that will preoccupy me till the day I die."
Sylvia Plath
« On commence à comprendre ce qu’est l’éternité quand on se trouve seul face à la nature. La médiocrité du devenir paraît être alors un attribut purement humain. »
Cioran, Solitude et destin
"Life has been some combination of fairy-tale coincidence and joie de vivre and shocks of beauty together with some hurtful self-questioning..."
Sylvia Plath, The Unabridged Journals
« Au fond, tout vrai lecteur est également bibliophile. Car qui sait accueillir un livre et l’aimer de tout son cœur souhaitera aussi le faire sien, le relire, le posséder et le savoir toujours à portée de main. »
"Je suis dilettante en tout, avec parfois de petits accès de nausée universelle. Je regarde passer le Carnaval de la vie: sergents de ville, artistes, souverains, ministres, amoureux, etc. Je fume de blondes cigarettes, je fais des vers et de la prose,(...) et j'attends la mort."
"Rien ne m'apparaîtrait plus souhaitable que d'avoir le droit de fermer les yeux et de tourner le dos à ce monde défiguré." Hesse à Mann, 13 février 1940
« Sur ce passé meurtri, dans mon âme enfermé,
L’oubli voudrait en vain étendre ses racines,
Car j’ai connu par lui ces deux choses divines :
D’avoir beaucoup souffert, d’avoir beaucoup aimé. »
Claire Virenque (1871-1922)
Les Souvenez-Vous (1911)
« Le joli amuse la pensée, le beau soutient l’âme, le sublime l’étonne ou l’exalte ; mais ce qui séduit et passionne les cœurs, ce sont des beautés plus vagues et plus étendues encore, peu connues, jamais expliquées, mystérieuses et ineffables. »