Salman Rushdie poignardé. Et chacun de nous avec lui. De tout cœur avec l’immense écrivain de notre époque. Contre ceux qui veulent réduire le monde à une seule histoire, celle de leur folle croyance. Colère contre les mille mains qui tiennent ce genre de poignard.
Sans jamais avoir été sur place, de si loin, je m’interdis les jugements faciles, mais pas l’émotion. Les femmes et enfants palestiniens de Gaza ne sont pas des « animaux » à abattre, mais des humains, dans le piège du Hamas et son projet d’extermination religieuse et judéophobe.
Ne nous perdons pas dans la concurrence des stigmates, Revenons seulement au réel. Pourquoi envoie-t-on ses enfants à l'école ? Pour apprendre, maîtriser les savoirs. On ne les y mandate pas pour parader en mannequins de l'identité fantasmée.
Les migrants clandestins qui arrivent en chaloupe par la Méditerranée le savent : on proclame rêver d'Arabie islamique utopique, mais c'est vers l'Occident que l'on rame. On crache sur l'Occident au nom de l'Histoire, mais on ne se trompe pas de géographie
... cette phrase murmurée par un algérien de retour de France cette semaine : « Je souhaite venir installer ma fille en France pour lui faire fuir ça et c'est ce que je retrouve dans ce pays. » « Ça » désignait un homme en qamis dans une rue du 18e à Paris
L'omerta sur les massacres entre musulmans obéit souvent à une logique de l'occultation volontaire par les récits nationaux, qui choisissent de mettre exclusivement en lumière le sempiternel crime occidental
Le palmarès « Transfuge » de la rentrée littéraire 2024
Prix Transfuge du meilleur roman français : Houris de Kamel Daoud (Gallimard)
Prix Transfuge d'honneur : James Ellroy
Le huis-clos du colonisé/colonisateur aboutit à un insondable malentendu qui voit ceux qui n’ont jamais colonisé un pays se faire juger par ceux qui n’ont jamais vécu la colonisation, refaisant dans l'absurde une guerre depuis longtemps finie.
Prenez un jeune Algérien des années 70 et un autre des années 2020 et vous verrez le chemin parcouru, inversement au sens du progrès, vers le désert, la féodalité, le désœuvrement, la violence et le tribalisme, l’irrationalité et l’effet de meute.
Oui, l'extrême droite gouverne au Maghreb. On aura beau réserver ce « délit » politique à l'Europe pour y culpabiliser les positions ou y lutter contre la radicalité, c'est aussi vers le Maghreb qu'il faut se tourner, exercer le regard de l'« indigné »
Pourquoi, lorsque l'Algérie a souffert d'une atroce guerre civile, les pays « arabes » se sont-ils gardés de se mobiliser en faveur de la population martyre ?
Algérien, je suis coincé entre deux sollicitations mémorielles : un devoir d'hypermnésie vis-à-vis d'une guerre de décolonisation que je n'ai pas vécue et une obligation juridique d'amnésie sur une guerre que j'ai vécue, la guerre des années 1990.
« À ma mère Yamina, ma langue secrète
Aux victimes oubliées de la guerre civile algérienne
À Amina Mekahli, la généreuse
Aux gens de Sciences Po Paris qui ont offert un toit à cet écrit »
Combien? 3500 morts ? 10.000 morts ? La catastrophe libyenne n’a pas d’images, ni de chiffres précis, ni de retentissement mondial. Si on n’y parle pas du dictateur Kadhafi mort, ou vif ou en clown ou "Zaim" comique, on ne parle pas de la Lybie et de ses âmes.
C'est en effet une grosse tentation française aujourd'hui que de réinventer le bolchevisme par le prolétaire « arabe immigré » et la pureté par le Français imaginaire, ou la « grande cause » par la « palestinisation » populiste de la France.
À chaque fois que Gaza subit le cycle d’une guerre insoutenable, revient au monde, en Algérie, l’armée des libérateurs imaginaires de la Palestine. Comment les reconnaît-on ? Ils ne vont jamais dans cette région déchirée en lambeaux de chair.
Étrange dissociation : l’Algérie est un pays qui croit que sa géographie se trouve en Palestine, son histoire en Arabie saoudite et son drame dans le choix de son entraîneur pour son équipe de football. Résultat ? C’est le Mali qui va occuper la moitié du Sahara algérien.
À l'école, on apprend, on ne défile pas. Et il y a lieu de rappeler la différence entre l'idéologie en parade et la pédagogie en déficit de défenseurs engagés.
La France risque d'être tiers-mondisée. Par l'anarchie, les destructions, la justification dégradante des émeutes, la faiblesse de l'État hésitant entre la crucifixion néochrétienne ou le sacrifice abrahamique, la culpabilité et la culpabilisation.
Depuis la rentrée scolaire, et juste après la grande révolte des femmes iraniennes qui ramènent la question du voile à la réalité du patriarcat et à la privation de libertés, la France est soumise à d'intenses provocations sur le front de ses écoles
Si aujourd'hui on doit refaire la guerre à la France, « ennemie éternelle », c'est aussi pour faire oublier celle que l'on a faite aux siens, la guerre de 1990-2000 et ses centaines de milliers de morts.
En Algérie, on adore refaire la guerre à la France car la France est vitale à l'épopée, pour escamoter le présent. En France, on évite le sujet qui, pourtant, est « central » : il définit le rapport à l'Autre, la « banlieue », au passé et donc au présent.
Jean-Luc Mélenchon, par exemple, possède le background et la psychologie qu'il faut pour cette passion du néant : il est né dans une colonie, au Maroc, il en porte la culpabilité et la voit partout sauf en lui.
... ce qui fait se rétracter la France dans le monde, c'est moins son histoire coloniale que son présent, le déclinisme autochtone qui autorise les discours antifrançais à l'étranger
Ces « libérateurs » de la servitude, qui ont réussi à fabriquer du voile une identité, fabriquent du keffieh, un drapeau de leur cause. La Palestine n'est pas leur but.
Si aujourd'hui les enfants des immigrés algériens ne se sentent pas Français, c'est aussi à cause de ce rêve de retour qu'on leur a implanté dans la tête dès la naissance. Nés pour revenir, ils ne vivront jamais pour s'intégrer ou devenir français
Vous n’êtes pas du côté des opprimés, mais derrière des arbres fruitiers à Ain Defla pendant que les Palestiniens meurent sous vos encouragements et applaudissements. Vous êtes un autre libérateur imaginaire, avec de la salive et une télécommande. e de pensée magique.
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Mais ce n'est pas s'attaquer au plus faible pour épouser les thèses du plus puissant.
Tutoyer les puissants du moment est agréable, mais je préfère être à côté d'un opprimé qui se trompe, plutôt qu'un puissant qui opprime.
Il n'y aura pas d'autre commentaire, ni de polémique
Je passe de la guerre civile en Algérie, à la guerre perdue en Occident. Mais peut-être qu’un wokiste est un Occidental souriant qui ne fouette plus les femmes et qui laisse les islamistes le faire à sa place ?
De tout cœur avec le Maroc, les marocains, en ces heures de douleurs et de solitude. Mes condoléances aux familles touchées et ma profonde compassion pour ceux qui y luttent et aident.
Racisme ordinaire d’une presse de misère. Ce journal islamo-conservateur algérien se lâche contre l’équipe du Cameroun après son élimination du mondial de la manier la plus sale. Il écrit honteusement: « Le Cameroun retourne dans la forêt sans pois chiche ni fèves»
Aujourd'hui, « Libérer la Palestine » est un slogan en concurrence, qui libère surtout les islamistes dans leurs ambitions locales, isole les voix étouffées et lucides qui croient à la paix sans les bains de sang, et ghettoïse les régimes arabes
J’avais adoré, enfant, ces leçons romanesques qui me redonnaient puissances et faiblesses, ces possibilités de m’enfuir hors d’un univers où la dernière invention en date représentait le tapis volant des Mille et une nuits
Que reste-t-il aujourd'hui de la « cause palestinienne » qui berça les jeunesses du monde dit arabe ? Des régiments d'intellectuels « arabes » pour qui « libérer la Palestine » c'est faire le procès de l'Occident et attendre de lui ce qu'ils n'exigent pas d'eux-mêmes.
Je ne suis pas palestinien, mais je peux avoir de l’empathie, et j’en ai. Je ne supporte pas de voir un Palestinien chassé de chez lui. Dans ce monde dit arabe, dans cette armée de libérateurs imaginaires, tout le monde trouve son compte sur son cadavre.
Mahmoud Darwich : « Savez-vous pourquoi nous sommes célèbres, nous autres palestiniens ? Parce que vous êtes notre ennemi. L’intérêt pour la question palestinienne a découlé de de l’intérêt porté à la question juive.
Les Israéliens ne sont pas des butins de guerre, des esclaves sexuelles à promener sous les caméras, ni des cadavres à exhiber pour croire libérer la Palestine et assouvir cette haine des juifs, qui souvent dans le monde dit « arabe » se prétend « solidarité » avec la Palestine.
Jamais une personne venue d'ailleurs, sans intellectualisme, ni euphémisme torsadé, ni synonymie infinie, ni nuance contrite, n'a pu définir la laïcité aussi brièvement, avec la force inouïe du dernier mot d'une vie : « Cela ne te regarde pas. »
Un long dîner, une rencontre à la télévision le lendemain, de l'attention, un étonnant spectacle d'humilité créatrice : est-ce là l'écrivain qui chaque jour revient de la mort ? Oui.
Sur les réseaux sociaux, on s'échange les photos de Gazaouis morts sous les bombardements pour accuser l'Occident. Mais dans les rues arabes, on le sait tous : le Palestinien est souvent méprisé, peu honoré. On l'aime comme cause, pas comme présence.
Dans les pays dits arabes, libérer la Palestine c'est souvent rester chez soi et lapider celui qui fait un pas de côté face aux orthodoxies de l'affect. Libérer la Palestine, c'est attaquer ses pairs qui se réclament de la liberté sur un sujet source de terreur éditoriale.
Ne pas dénoncer la haine du Juif, c'est trahir l'humanité elle-même ; se taire sur la mort des Palestiniens, c'est trahir l'humanité elle-même. Que faire ? Trahir sans relâche les jugements faciles de son époque.
Merci à Air Algérie et aux services policiers qui ont diligenté l’enquête à l'aéroport d'Oran : valise retrouvée, en état d’effraction, mais récupérée avec presque tout son contenu. Enquête en cours sur les dysfonctionnements, plainte déposée.
Pourquoi ne pas assumer explicitement et avec courage les noyaux « durs » et inquiétants de ces élections, à savoir l'immigration, l'insécurité et l'islamisme, lit des populismes ?
Laissons de côté ce jeu de mots sur l’immortalité et les immortels. Dans votre cas, la mort paraît vraiment à peine victorieuse. Souvenirs d’échanges avec une belle âme qui a su donner à la France qu’elle aimait une histoire encore plus vaste.
Dans le monde arabe, la grande solitude est vécue par les écrivaines/écrivains de langue arabe non affidés à l’hypernationalisme, aux fake-Etats, à l’identitaire ou à l’islamisme habitué des décapitations. Ce qui se passe en Algérie pour l’écrivaine Inaâme Bayoud en témoigne.
Dans les pays dits « arabes » l'homosexualité est un crime, autrefois puni par la défenestration, aujourd'hui par la mort et la prison, mais le viol conjugal, le viol, les mariages précoces, sont une norme dite « culturelle », un goulag derrière le rideau
Comme si, par la destruction, les « enfants » voulaient faire du pays présent le pays que leurs parents ont fui et du pays fui un pays désiré. Le rêve s'inverse. Le « bled » devient un paradis perdu et la France est invalidée comme un cauchemar.
Mélenchon est royaliste au Maroc, Rima Hassan se veut révolutionnaire à Alger. Elle est née en Syrie, sait s'y prendre sur ce filon lyrique panarabe. Quant à lui, il est né à Casablanca et conservera la culpabilité et le zèle qui espère guérir celle-ci.
« En Algérie sévit aussi une forme de cette dérive idéologique. Elle monopolise le postcolonial, adore refaire la guerre à la France et cède à la fascination pour l’islamisme séducteur»
L'Algérie conservatrice, celle des lois antibinationales, celle des propagandes contre les « traîtres », celle des purges identitaires, impose une réalité : c'est en France qu'on gagne, pour le moment, à travailler, bâtir, vouloir, négocier et défendre
En ces heures sombres, l’inhumanité gagne, l’humanité perd. Et je ne vois que la victoire monstrueuse de ceux qui sacrifient des vies pour les pierres d’une Mosquée et celle d’un Mur. L’oublie-t-on si facilement ? Ces pierres prétendues sacrées ne saignent jamais.
Toute voix de liberté se voit une voix d'occidentalité, de traîtrise. On vous opposera Allah, les images des enfants bombardés à Gaza ou le risque de l'assassinat. On vous refusera le devoir de penser ces souffrances injustes autrement
Aujourd'hui, ce sont les Palestiniens et leurs enfants qui meurent. Ils sont piégés entre le projet exterminateur du Hamas, d'un côté, et, de l'autre, par les radicalités politiques en Israël avec trois décennies de Netanyahou
Pour l'imaginaire djihadiste, c'est une ironique victoire symbolique. Pour Poutine, embrasser le Coran, sans comprendre peut-être ce verset, apparaît comme un calcul pour recruter l'internationale islamiste et les musulmans contre l'Occident
Le 22 février 2019. Il y a cinq ans, un grand souffle s’est produit : l’Algérie réelle se souleva contre l’Algérie virtuelle du Régime et ses mises en scène honteuses du corps d’un homme presque mort, Bouteflika. Des dizaines de millions de manifestants dans les rues de l’Algérie
Le « vote musulman » apparaît comme une véritable illusion pour les musulmans de France dans cette affaire. Ce sont ces derniers qui se révèlent être les nouveaux idiots utiles du mélenchonisme.
«Gardez votre aide. Donner de l'argent n'effacera pas votre responsabilité dans le crime. » C'est un tweet signé par un ancien journaliste algérien. Il fut écrit en réaction à l'annonce du triplement de l'aide humanitaire à Gaza par l'Union européenne.
Comment définit-on la démocratie pour l’Algérie ? «Être anti-Pouvoir ». Définition appauvrissante qui explique l'inefficacité des oppositions et leur inflation sur les réseaux sociaux. « Figures » numériques sans poids réel et dont sont friands, par confort, les médias étrangers.
Tristesses et douleurs. Condoléances pour les proches des victimes des incendies qui frappent le pays à Souk Ahras, Sétif, El Tarf et d’autres régions encore. Immense tragédie qui nous impose la solidarité la plus grande.
Une belle âme, un grand acteur, un homme sans haine et au talent immense. Après la pièce de théâtre, Il était sur le tournage du film « Meursault contre enquête » de Malek Bensmail pour l’un des deux rôles principaux. Paix pour Ahmed Benaissa. Repos pour un créateur.
Sur des sujets comme l'islam, l'histoire de la colonisation, le rapport avec l'Occident, le sexe ou le « pouvoir », la rente mémorielle (et presque sur tous les sujets d'ailleurs), peu, sinon aucun, espace de liberté.
Comment peuvent-ils supposer que cette prison sexiste est un caftan ? C’est comme confondre des fers au pied d’un esclave avec des bijoux traditionnels.
Là où la colonisation n'apparaît presque plus à l'ancienne, la « colonisabilité » reste un art de perdre qui se perpétue. Cette passion pour le jeu de rôle du décolonial permanent, sous emballage du récit algérien, demeure un biais, un désastre.
Ces pierres ne perdent jamais leurs vies ou leurs proches dans la souffrance. Et face aux victimes israéliennes ou palestiniennes, nos cœurs ne sont pas ces pierres.
Finalement, ce qui fait de la tragédie palestinienne une tragédie, ce n'est pas seulement le meurtre du Palestinien, mais également l'usage que l'on fait de son cadavre.
On les ignore poliment. Les verra-t-on se faire inviter à prendre la parole à Alger ? Marcher en triomphe dans les rues de la capitale ? Haranguer des foules d'ex-colonisés ? Jouer à coudre les drapeaux sur place ? Non.
Essentielle victoire contre l’islamisme et ses terrorismes éditoriaux : L’islamologue Saïd Djabelkhir a été relaxé par le Cour d’Alger, après avoir été condamné à 03 ans de prison ferme en 1er instance. Un groupuscule islamiste avait déposé plainte contre lui il y a un an.
Aujourd'hui, un grand souffle d'inquisition sexuelle, justifié et exagéré, traverse ces pays où la présomption d'innocence se montre dangereusement caduque.
Se taire sur les morts de Gaza, c'est se taire sur une guerre qui n'est pas une solution, mais une impasse. C'est témoigner du mépris pour la vie des autres, c'est garder le silence sur la mort, l'hiver, la faim, la perte du toit et du sens de la vie.
"...Il publia très vite pour ses quelques millions de suiveurs une photo de la star Kaylia bras levés, dans le nexus d'une ovation immense, mais habillée d'une longue jupe plissée qui descend jusqu'aux chevilles..."
Mais la question « Que faire avec le vote musulman tout en luttant contre l'islamisme ? » ne doit pas constituer le monopole personnel de cet homme et de ses ambitions. Elle doit interpeller toute la classe politique.
عندما يفكر الغربي ضد شعبه، فإنه يوصف بأنه مثقف عالمي.
عندما يفكر مثقف من الجنوب ضد الغرب، فإنه يعلن نفسه مناهضاً للاستعمار.
عندما يفكر المثقف الجنوبي ضد نفسه وضد شعبه فهو خائن.
هل أنا خائن؟
Affranchir la « cause palestinienne » de ceux qui la refusent, de ceux qui exploitent la souffrance pour leurs recrutements dans le monde dit « arabe » et de ceux qui rêvent d'un holocauste.
voilà comment la vénézuélisation de la société s'opère. Cette tentation vigoureuse aujourd'hui : elle promet du confort en échange d'une démission, de la simplicité en échange d'un outrage, et du pouvoir par le « tout à l'ego » et les barricades.