Voici mon secret. Il est très simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

Pour vous donner une idée des dimensions de la Terre je vous dirai qu’avant l’invention de l’électricité on y devait entretenir, sur l’ensemble des six continents, une véritable armée de quatre cent soixante-deux mille cinq cent onze allumeurs de réverbères.

Un explorateur qui mentirait entraînerait des catastrophes dans les livres de géographie. Et aussi un explorateur qui boirait trop, parce que les ivrognes voient double. Alors le géographe noterait deux montagnes, là où il n’y en a qu’une seule.

Seuls, l’allumeur de l’unique réverbère du pôle Nord, et son confrère de l’unique réverbère du pôle Sud, menaient des vies d’oisiveté et de nonchalance : ils travaillaient deux fois par an.

Les yeux sont aveugles. Il faut chercher avec le cœur.

Je connais une planète où il y a un Monsieur cramoisi. Il n’a jamais aimé personne. Il n’a jamais rien fait d’autre que des additions. Et toute la journée il répète : «Je suis un homme sérieux ! Je suis un homme sérieux !» et ça le fait gonfler d’orgueil.

On note d’abord au crayon les récits des explorateurs. On attend, pour noter à l’encre, que l’explorateur ait fourni des preuves.

- Je puis t’emporter plus loin qu’un navire, dit le serpent. Il s’enroula autour de la cheville du petit prince, comme un bracelet d’or : - Celui que je touche, je le rends à la terre dont il est sorti, dit-il encore.

Petit bonhomme, n’est-ce pas que c’est un mauvais rêve cette histoire de serpent et de rendez-vous et d’étoile...

Les hommes manquent d’imagination. Ils répètent ce qu’on leur dit...

– Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans. – C’est tout à fait comme ça que je le voulais ! Crois-tu qu’il faille beaucoup d’herbe à ce mouton ?

Je ne compris pas sa réponse mais je me tus... Je savais bien qu’il ne fallait pas l’interroger.

J’éprouve tant de chagrin à raconter ces souvenirs. Il y a six ans déjà que mon ami s’en est allé avec son mouton.

À LÉON WERTH Je demande pardon aux enfants d’avoir dédié ce livre à une grande personne. Je veux bien dédier ce livre à l’enfant qu’a été autrefois cette grande personne. Je corrige donc ma dédicace : À LÉON WERTH QUAND IL ÉTAIT PETIT GARÇON

Je crois qu’il profita, pour son évasion, d’une migration d’oiseaux sauvages.

–Mais toi, tu viens de loin ! Tu es explorateur ! Tu vas me décrire ta planète !

Elle serait bien vexée si elle voyait ça... elle tousserait énormément et ferait semblant de mourir pour échapper au ridicule. Et je serais bien obligé de faire semblant de la soigner, car, sinon, pour m’humilier moi aussi, elle se laisserait vraiment mourir...

Tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera merveilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi.

Si j’ordonnais à un général de se changer en oiseau de mer et qu'il n’obéissait pas, ce ne serait pas la faute du général. Ce serait ma faute.

Il ne mesure pas le danger. Il n’a jamais ni faim ni soif. Un peu de soleil lui suffit...

Il ne savait pas que, pour les rois, le monde est très simplifié. Tous les hommes sont des sujets.