Paul Lambda
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(© ph. : Rodney Smith) En librairie & & . Les livres publiés au Cactus Inébranlable ne sont pas sur Amazon.
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Il nous reste à explorer, résolument, l'improbable.
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Appelez ça « nuit », si vous voulez. C'est un joli mot, « nuit ».
Comme si « non » et « oui » s'enlaçaient.
Nuit.
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VLADIMIR. – Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
ESTRAGON. – On attend.
VLADIMIR. – Oui, mais en attendant ?
(Beckett, En attendant Godot)
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Ma voisine est morte dans son sommeil à l'âge de 92 ans. Dans le tiroir de sa table de chevet, on a trouvé une note manuscrite : « J'aurais pu être si belle si quelqu'un s'en était donné la peine. »
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J’attendais la femme de ma vie quand une femme vint à moi et me demanda ce que je faisais. « J’attends la femme de ma vie », lui répondis-je. « Je peux attendre avec vous ? », dit-elle. J’hésitai puis me poussai un peu pour lui laisser de la place. Cela fait douze ans maintenant.
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Un à un, les réseaux sociaux fermèrent. Bientôt ne restèrent que les livres.
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« Il neige. Il ne peut pas y avoir pour moi d’événement extérieur plus important. Me voilà en présence de toute mon enfance. »
Cioran, Cahiers 1957-1972
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– Pourquoi avez-vous disparu ?
– J’avais envie de vous manquer.
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Quand je suis retourné à ma solitude, je ne l'ai pas reconnue : tout avait fleuri.
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Les soirs de brouillard, dans certaines rues parisiennes, flottent des bouts de phrases que Modiano n'a pas finies.
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Quand j’ai voulu lui arracher un sourire, la tête est venue avec.
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– Tu as vu le temps passer, toi ?
– Non.
– Bon, on va l’attendre encore un peu.
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– Pourquoi elle ?
– C’est la seule qui a su voir l’océan en moi.
– Pourquoi l'avoir quittée alors ?
– Je suis un lac.
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Alors vous me connaissez, je suis discret, je n'osais pas en parler, et puis j'ai mis beaucoup de temps à écrire mon discours, et puis mon éditeur a mis du temps à imprimer les bandeaux, mais voilà, au cas où vous auriez raté cette information, une image vaut mieux que mille mots
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Sur son lit de mort il me confia, non sans fierté : « J’ai raté ma vie, mais pas de beaucoup. »
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– Pourquoi tu pleures ?
– C'est rien, c'est la tendresse qui déborde.
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Ne désespère pas
— les jolies choses se souviennent de toi.
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– Je l'aime.
– Tu lui as dit ?
– Tu n'es pas fou ? Je veux continuer à l'aimer, moi !
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En ce moment-même, à Genève, une femme souffle un baiser sur sa paume, dans la pénombre de sa chambre donnant sur le lac et quelques secondes plus tard, à Paris, un homme sourit sans raison en sautant par-dessus une flaque.
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— Que devient-elle ?
— Elle m'ignore avec une constance admirable, ça doit beaucoup l'occuper.
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J'ai détecté une fuite dans ma solitude, par laquelle entre le monde.
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« Caresser quelqu'un jusqu'à le débarrasser de son angoisse, pour toujours »
Peter Handke, Le poids du monde
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« Il faut un grand amour — un grand amour dans sa vie, parce que ça fait un alibi pour les désespoirs sans raison dont nous sommes accablés. »
Albert Camus, 1937, Carnets I
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Elle dansait seule, les yeux fermés, et moi j’étais jaloux de la musique.
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Je vais beaucoup mieux depuis que je crois moins à la réalité.
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« En ce moment même, dans les rues, les open spaces, le métro, les amphis, des millions de romans s’écrivent dans les têtes, chapitre après chapitre, effacés, repris et qui meurent tous, d’être réalisés ou de ne pas l’être. »
Annie Ernaux, Mémoire de fille
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C'était un de ces dimanches d'avant la fin du monde, tu sais : chaud et désespérément bleu.
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On l'a retrouvé noyé dans ses pensées, parmi les nénuphars.
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« Te savoir au monde me tient compagnie. »
Rita de Letteriis
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~ On entend les oiseaux.
~ Avant aussi, mais tu n'écoutais pas.
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~ Vous ne voulez pas qu'on se rencontre ?
~ Surtout pas. Je préfère vous garder possible.
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Je rassemblai mon courage à deux mains et lui demandai : « C’est vous mon destin ? » Elle me regarda et esquissa un sourire : « Ah non, moi je suis juste un hasard. »
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« Il y a des hasards qui durent toute une vie. »
Albert Camus, 1943, Carnets II.
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C'est toujours pareil avec le vent : il ne dit pas tout ce qu'il efface.
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— Cette nuit j'ai enfin trouvé un sens à ma vie.
— C'est quoi ?
— J'ai oublié.
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Chacun écrit un mot pour se réchauffer : pour les uns, c’est « bouillotte », pour d’autres c’est « feu » ou « soleil », et moi je répète à mi-voix ton prénom.
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Vous voyez, là-bas ? Ce sont nos solitudes qui se rejoignent.
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Pour fabriquer un ciel bleu il faut :
– du bleu
– un ciel
– lever la tête ou fermer les yeux.
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– On est comme les nuages.
– C’est-à-dire ?
– On finit par passer.
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Le monde est incontestablement plus doux grâce à ces individus qui répondent encore, au lieu de « oui », « volontiers » : qu’ils en soient ici, officiellement, remerciés.
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Je n’ai pas toujours été un salaud. Une fois, j’ai aimé. Mais quand elle est partie, elle a emporté le meilleur de moi et il a bien fallu survivre.
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Il est tout de même curieux, voire un peu suspect, que les feuilles d'un livre, une fois lues, ne tombent pas.
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Elle m'a regardé un long moment, sérieusement, puis elle a détourné les yeux, a payé son café et s'est levée.
-- Qu'est ce qu'il y a, lui ai-je crié alors qu'elle s'éloignait.
-- Il y a que je connais déjà la fin de l'histoire, a-elle soupiré en ralentissant à peine le pas.
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« Cioran me retint par la manche, me disant tout bas : “Cher ami, ne le répétez pas, mais je fais semblant d’être ici.” »
Dernière confidence de Cioran à François Bott, 1995, in Cioran, Cahiers de l’Herne, 2009.
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Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et bipèdes associés, la pluie selon Marcel Proust :
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« Aujourd’hui lorsqu’on écrit quelque chose avec ironie, il est nécessaire de marquer en note que cela est écrit avec ironie. Il y a longtemps déjà, un confrère avait imaginé un point d’ironie (…). C’était une boutade : aujourd’hui cela répond à une nécessité. »
Montherlant
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« Merci pour les chants d’oiseaux que j’ai entendus dans les arbres d’hiver. Si les oiseaux peuvent chanter au-dessous de z��ro, je crois que je peux tenir le coup. »
Shirley Goldfarb, Carnets (Montparnasse 1971-1980
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– Je suis allé au bout de moi-même.
– Et alors ?
– Il n’y avait personne.
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– Qu’est-ce que tu fais ?
Elle leva la tête et me regarda en souriant.
– Rien. Pas grand chose. J’accompagne le temps qui passe.
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« Je n’ai ouvert ni un journal ni un livre, et le monde est en paix puisque je ne sais rien, sinon qu’il est foutu — ce qui me suffit bien. »
Armel Guerne, 31 août 1961, lettre à Cioran
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Il s'agit de se promener parmi les rêves, lentement, pour ne pas les réveiller.
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Comme je ne savais toujours pas où j'allais ni qui j'étais, j'ai mis de la musique.
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– Je vous aime d’amour.
– Et moi d’ennui ; c'est plus sûr l'ennui, ça dure toute une vie.
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Laisse un petit quelque chose au hasard, on ne sait jamais, parfois il fait bien les choses.
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